Et si… ? Cette simple phrase résume bien ce que Sébastien Chaulmontet, le fondateur d’Albishorn, souhaite réaliser avec sa marque, ou avec des montres « Imaginary Vintage » comme il aime l’appeler. Tout a commencé avec le séduisant Maxigraph, ou ce à quoi aurait ressemblé un chronographe de régate moderne dans les années 1930. Aujourd’hui, Albishorn prend son envol et Chaulmontet crée une autre montre vintage qui n’a jamais existé. Elle s’appelle Type 10 Chronograph et se veut le prédécesseur de l’emblématique chronographe Type 20, hypothétiquement fabriqué en 1948, comme le chaînon manquant entre les instruments de bord et le célèbre chronographe-bracelet militaire/pilote flyback. Une idée audacieuse, qui ne manquera pas de susciter des discussions, mais aussi une démonstration de créativité.
Ce qu’il faut savoir sur Sébastien Chaulmontet, l’homme derrière cette marque récemment créée Albishorn, c’est qu’il a un sacré palmarès. Depuis 2017, Chaulmontet est responsable de l’innovation et du marketing chez Sellita Watch Co. SA et Manufacture AMT. Avant cela, il a supervisé l’innovation et le développement produit chez Manufacture La Joux-Perret SA et a été en charge de la renaissance d’Arnold & Son et d’Angelus. Mais il est avant tout un collectionneur passionné de chronographes vintage et il s’y connait en montres historiques.
Or, si le Maxigraph était une vision imaginaire d’un éventuel chronographe de régate des années 30 (avec un petit côté Rolex Zerograh), l’Albishorn Type 10 aborde un sujet très important, celui de la montre militaire française la plus emblématique, la Type 20. Et pour cette raison, on aborde un terrain beaucoup plus sensible – et Chaulmontet en est parfaitement conscient et assume totalement sa position et ses choix. L’idée était d’imaginer ce qui POURRAIT (mot important) être l’ancêtre du Type 20, le chronographe flyback conçu pour la Marine française au début des années 1950 et fabriqué par Breguet, Airain, Mathey-Tissot, Dodane, Auricoste et Vixa (et certains d’entre eux produisent encore des montres modernes inspirées de modèles passés). Le résultat : le chronographe Albishorn Type 10.
Si les premiers chronographes militaires Type 20 (pas le Type XX, qui était la version civile) ont été conçus vers 1952-53, l’Albishorn Type 10 a été imaginée comme une montre de 1948, sachant que le Type 20 n’a pas de prédécesseur direct. « Le défi était de développer un garde-temps qui soit d’époque et aligné avec l’époque des années 1940 tout en répondant aux exigences et aux attentes des pilotes de l’époque », explique Chaulmontet. A la différence du Type 20, le Type 10 est un chronographe monopoussoir classique qui ne dispose pas de l’emblématique fonction « retour en vol ». Il a cependant quelques atouts qui le rendent unique.
La majeure partie du boîtier de l’Albishorn Type 10 est reprise de l’Albishorn x Massena LAB Maxigraph, partageant le même élément central de 39 mm de diamètre en acier satiné, avec des biseaux latéraux polis. Les proportions et les spécifications sont raisonnablement agréables pour un chronographe, avec une épaisseur totale de 12 mm, une longueur de 47,7 mm et une étanchéité à 100 m. Cette montre possède plusieurs éléments uniques – dont certains sont communs avec le Maxigraph – comme la couronne placée à 10h30 et à côté d’elle un grand monopoussoir rectangulaire et cranté en aluminium rouge bien intégré permettant d’activer toutes les fonctions du chronographe (start-stop-reset) – ce qui s’effectue avec le pouce et s’avère très pratique. La simple rotation d’un mouvement peut parfois se traduire par une grande ergonomie… Le côté droit du boîtier est dépourvu de tout élément, ce qui ajoute au confort général.
Encadrant un verre saphir de forme carrée au look vintage, se trouve la lunette, indispensable, comme on peut s’y attendre d’un chronographe de pilote, avec rotation bidirectionnelle. Fabriquée en acier et recouverte de DLC noir brillant, elle présente une échelle de 60 minutes entièrement graduée avec des chiffres laqués et des index recouverts de SLN. Cette graduation est une autre différence importante avec les Type 20, la plupart d’entre elles présentant une échelle de 12 heures – à l’exception des modèles Gen2 Type 20 avec une lunette noircie de 60 minutes et des Breguet Gen3 Type XX des années 1990 et 2000. La lunette est également concave et plus grande que le boîtier, avec un diamètre de 41,7 mm – ajoutant plus de présence visuelle sans l’agrandir au poignet.
Passons maintenant au cadran, qui sera le sujet de discussion de cette édition. Au premier coup d’œil, on ne peut nier l’inspiration militaire, avec une attention particulière portée à la lisibilité – fond noir, surface grainée antireflet, gros chiffres arabes et aiguilles luminescents… De plus, malgré des différences cruciales, le rapprochement entre la Type 10 d’Albishorn et les anciennes Type 20 est assez facile à faire (forme identique des aiguilles, style identique des compteurs et aiguilles auxiliaires, même style des chiffres). Mais il faut inévitablement parler des compteurs auxiliaires. Alors que la grande (euphémisme) majorité des montres chronographes s’appuient sur des compteurs à 3 et 9 heures (parfois 3-6-9, parfois 6-9-12), la Type 10 fait les choses de manière plus originale.
Avec l’idée de créer un design de type tableau de bord (qui relie cette montre aux anciens instruments de bord Breguet comme le Type 11 par exemple) et en faisant tourner le mouvement, les compteurs de petite seconde et 30 minutes sont placés respectivement à 4h30 et 7h30. Je ne vous cache pas que c’est un style très particulier, qui fera débat. Comme il rompt avec la norme de la plupart des chronographes, il faut du temps pour s’habituer à ce (dés)équilibre visuel… Ayant vu la montre il y a quelques mois, je m’y suis davantage habituée maintenant et, malgré mon amour pour les montres Type 20, et le fait que j’ai été plutôt dure avec Chaulmontet quand j’ai vu la montre pour la première fois (vous savez, ça arrive quand on touche une icône…), je trouve que cette montre a beaucoup de personnalité et de charme. C’est une montre peu conventionnelle, assez décalée, mais aussi cool à sa manière – si vous parvenez à passer outre le « manque de respect » envers la Type 20… Ou peut-être que ce n’est pas si irrespectueux que ça après tout…
Tout comme la Maxigraph, l’Albishorn Type 10 repose sur un mouvement de chronographe propriétaire. Ce chronographe à remontage manuel et ce mouvement certifié COSC sont construits sur une architecture 7750 modifiée. La position des sous-cadrans est facile à comprendre en regardant la position de la couronne et des poussoirs, car elle est la même que celle d’un monopoussoir SW500 (le clone Sellita du 7750) mais tournée de 135 degrés. Outre la position d’origine des sous-cadrans, il est également assez fin à 5,70 mm (contre 7,00 mm pour un SW500m à remontage manuel), grâce à un travail effectué sur les platines et la longueur des pivots. Il bénéficie d’une généreuse réserve de marche de 65 heures.
Elle est également dotée d’une fonction brevetée, un indicateur de fonction chronographe qui prend la forme d’un point au-dessus du logo à 12 heures (qui est masqué lorsque l’aiguille centrale des secondes en forme de sucette est immobile). Il permet de vérifier le bon fonctionnement du chronographe. L’indicateur affiche les trois états du chronographe – réinitialisation, démarrage et arrêt – en trois couleurs différentes : noir, rouge et blanc, respectivement.
Albishorn présente deux versions de la Type 10 – la Classic avec un cadran noir, comme sur la photo ici, et la Sihlwald, une version plus moderne avec un cadran vert, des secondes centrales rouges et une couronne en bronze. À chacun son goût, mais je pense que le noir est le plus logique. Livré avec deux bracelets en cuir, l’Albishorn Type 10 Chronograph sera disponible exclusivement en ligne sur www.albishorn-watches.ch. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une édition limitée, seules 25 pièces de chaque version seront initialement commercialisées. Les ventes ouvriront le lundi 21 octobre 2024 à 15 heures (heure européenne). Son prix sera de CHF 3’950, hors taxes.
Maintenant, à titre personnel, en tant que fan de la Type 20 et (je suppose) assez bien informé sur ce sujet spécifique, j’ai eu envie de ne pas aimer cette Albishorn Type 10. Même si je dois encore bien comprendre le concept, je dois admettre que Sébastien Chaulmontet et Fabien Collioud (directeur du design) ont fait ici un travail créatif assez impressionnant. On ne peut pas vraiment la considérer comme l’ancêtre de la Type 20 (n’est-ce pas l’idée des montres « imaginaires » ?), mais l’ensemble de la montre et ses particularités fonctionnent. Et on ne peut nier une qualité très agréable, avec un travail avancé effectué également sur le mouvement. Le prix n’est pas bon marché, mais reste assez acceptable. Donc dans l’ensemble, pas trop mal Sébastien, pas trop mal (il comprendra ici que c’est ma façon de donner mon approbation à la Type 10).
Wenn Sie an diesem Artikel interessiert sind, hat unsere Website diese Replica uhren